PRESS RELEASE:
La galerie Sultana accueille, du 02 mars au 20 avril, la première exposition solo du plasticien Benoît Piéron "Poudre de riz" à Paris.
Référence absolue du travail de l’artiste, les patchworks de draps d’hôpitaux verts, bleus, jaunes et roses habillent ici un mannequin Stockman réalisé à partir des mesures de son propre corps. Ni féminin ni masculin, le corps de Benoît Piéron se drape ainsi d’une peau collective pour affirmer son appartenance joyeuse au « peuple de l’hôpital ». Désormais désirables, ces draps parent aussi d’incongrus strap-on invitant à la fête plutôt qu’à la pénétration. Et à la fête à laquelle nous invite l’artiste, ce sont d’abord les rubans qui dansent, mis en mouvement par le souffle vital d’un sèche-mains.
Par sa proximité à l’enfance et aux objets qui lui sont associés, Benoit Piéron convoque le travail de Margarete Steiff, cette couturière dont la maladie a immobilisé les jambes et un bras, à qui l’on doit l’invention des peluches. Signature de l’artiste, la chauve-souris Monik, en référence à Monique Wittig et à sa pensée du corps lesbien comme corps fragmenté, dissolu, surmonte ici, pour la faire devenir jouet, une béquille d’adolescent.e.
Aux lumières des scanners qui pénètrent les corps, à celles des gyrophares policiers qui balayent la liberté, Benoît Piéron oppose le secours du cute et le soulagement de l’intimité. Recouverts de foulards imprimés d’imageries médicales ou lampes de chevet pour tête de lit, les gyrophares se changent en veilleuses et projettent sur les murs leurs ombres aussi organiques que délicates. Désormais réconfortant, le lit peut redevenir ce qu’il finit toujours par être : un navigable sur le Styx.
Car plutôt que de déplorer ses maladies « de compagnie », ces incarnations vivantes de la mort, l’artiste préfère engager le dialogue – avec elles et avec les autres. Cette conversation malicieuse et tendre s’amorce ici autour de la forêt collaborative qui invite à la promenade de santé les ami.e.s et le public de l’artiste. Le Magic Tree aux émanations asphyxiantes – et qui évoque à l’artiste la masculinité toxique par son lien avec l’automobile – se fait alors forêt enchanteresse et plurielle.
Les œuvres présentées rendent finalement compte, comme l’ensemble du travail de Benoît Piéron, d’une considération si complète pour la vie qu’elle inclut sans difficulté, et avec douceur, la possibilité de la maladie et la mort. En forçant leur inscription dans l’espace artistique, en les utilisant pour vivre, l’artiste les fait aussi côtoyer les parts les plus ingénues de nos imaginaires et de nos souvenirs.
La première monographie de Benît Piéron sera présentée prochainement au Magasin CNAC, à Grenoble.
Sophie Benard
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From March 02 to April 20, Galerie Sultana presents "Poudre de riz", the first solo show in Paris by visual artist Benoît Piéron.
The patchwork, an integral motif in Benoît Piéron’s artistic repertoire, adorns a Stockman mannequin in hues of green, blue, yellow, and pink, fashioned from the measurements of his own body. Beyond conventional gender boundaries, Piéron’s figure becomes enveloped in a collective skin, celebrating its joyful inclusion among the «hospital people.» These once utilitarian drapes, now transformed into objects of desire, extend even to the unconventional strap-ons, inviting us not to penetrate, but to celebrate instead. Indeed, the artist extends an invitation where we are encouraged to dance freely, akin to ribbons swayed by the lively currents of air from a hand dryer.
Piéron’s proximity of childhood and its associated objects resonates with the legacy of Margarete Steiff, the seamstress whose physical limitations inspired the invention of plush toys. Drawing parallels with Steiff’s ingenuity despite her immobility, Piéron’s signature bat, Monik, pays homage to Monique Wittig’s concept of the fragmented, dissolute lesbian body. In this transformation, Monik emerges not as a symbol of fear, but as a cherished toy, akin to an adolescent’s crutch.
Against the glaring lights of invasive scanners and the oppressive flash of police sirens, Benoît Piéron offers a counterbalance by invoking a sense of «cuteness» in the relief of intimacy. Draped in scarves adorned with medical imagery, and repurposed as bedside lamps for headboards, the once harsh flashing lights transform into gentle nightlights. Their soft glow casts organic and delicate shadows on the walls, instilling a comforting ambiance. Through this transformation, the bed reclaims its essence, evolving once more into a navigable river on the Styx.
Rather than lamenting his «pet» illnesses, the artist opts to engage in a dialogue with these living embodiments of mortality. This playful yet tender conversation unfolds within the collaborative forest, encouraging the artist’s friends and audience to embark on a rejuvenating stroll. The Magic Tree, notorious for its suffocating fumes associated with toxic masculinity through its automotive connections, becomes enchanting, multifaceted forest.
The works presented here, like Benoit Piéron’s work as a whole, seamlessly embrace the realities of illness and mortality with ease and grace. By integrating these themes into artistic expression and imbuing them with vitality, the artist not only confronts them but also intertwines them with the most sincere facets of our imaginations and recollections.
Benoît Piéron’s first monograph will be presented shortly at Magasin CNAC, Grenoble.
Sophie Benard