La galerie Sultana accueille, du 03 mai au 01 juin la troisème exposition individuelle de l’artiste Jesse Darling, Lauréat du Turner Prize 2023, à la galerie parisienne.
Le Prix Turner 2023 a été décerné le 5 décembre 2023 à Jesse Darling, un poète de la matière dont les installations et sculptures rendent hommage à toutes les formes d’êtres et d’objets rejetés, relégués dans les arcanes de l’oubli pour en fabriquer une fragile et sensible comédie.
« Reflets des hiatus, conflits et défauts de communication entre les êtres humains, elles donnent corps à une fragilité qu’il estime essentielle dans la construction de son travail et la construction d’une identité. Ménageant ainsi une place à l’échec, il maintient dans toute création une part d’impensé et d’oubli qui témoigne de son souci des autres autant qu’elle réussit ce rare exploit de rendre tangible un refus d’imposer une quelconque autorité. La trace, visible ou effacée dans l’histoire constitue l’un des axes majeurs de son travail, explorant les conditions de réussite au sein même du monde artistique qu’il habite et côtoie.
C’est donc à la marge, tenant compte de sa réception comme des conditions d’existence de toute œuvre d’art que Jesse Darling avance et construit depuis une vingtaine d’années un corpus aussi engageant qu’engagé, reflétant la conscience aigue qu’il entretient face aux institutions, face aux normes sociales. Au cœur de ses installations, c’est alors nos places, nos identités, qui que l’on soit, qui sont mises en jeu et de ce dialogue émergent les conditions d’une compréhension ou à tout le moins d’une appréhension de l’autre.
Ce sont des individus qui ont pris le temps de développer leur pratique, qui étaient en avance avant que quiconque puisse percevoir leur travail. Ce sont des individus qui ne vivaient ni à New York ni à Paris. Ce sont des individus qui montraient une ambivalence par rapport au Grand Art, des personnes qui travaillaient dans des scènes DIY où le chaos vivant n’était qu’un anathème pour les archives. Ce travail est pour elleux. Et pour moi. Et pour l’oubli continu de la mort à travers toute institution culturelle, religieuse, ou étatique qui finit par écrire le récit de celleux qui ont réussi et de celleux qui n’ont pas réussi. »
Guillaume Benoit in Slash Paris
From 03 May to June 1st Galerie Sultana will be hosting the third solo exhibition in Paris by visual artist Jesse Darling, winner of the Turner Prize 2023.
The Turner Prize 2023 was awarded on December 5th 2023 to Jesse Darling, a poet of matter whose installations and sculptures pay homage to all forms of rejected beings and objects, relegated to the shadows of oblivion to create a fragile and sensitive comedy.
« Reflecting the gaps, conflicts and failures of communication between human beings, they give substance to a fragility that he considers essential to the construction of his work and the construction of an identity. In this way, he leaves room for failure, and in all his work he maintains an element of the unthought and the forgotten, which testifies to his concern for others as much as it achieves the rare feat of making tangible a refusal to impose any kind of authority. The trace, visible or erased in history, constitutes one of the major axes of his work, exploring the conditions of success within the very artistic world he inhabits and rubs shoulders with.
Jesse Darling has been building up a body of work over the last twenty years that is as compelling as it is engaged, reflecting his acute awareness of institutions and social norms. At the heart of his installations, it is our places, our identities, regardless of who we are, that are at stake, and through this dialogue the conditions for understanding, or at the very least apprehending, the other emerge.
He himself never ceases to explore these margins, seeking out undefined places, areas abandoned by urbanisation, material for images and encounters with forms that create fantastic chimeras rich with unknown stories.
Through his creations, he attempts to repair a part of oblivion. His often droll and ins- pired use of banal forms and the scraps of the world reflects, behind the sensitive force of an omnipresent humour, the ability to turn any object into a relic of a celebrated memory, and an undeniable ability to bring out the spectacular. The banal becomes the exceptional, and the mundane sets the scene for a fragile but vibrant celebration, a wounded pleasure.
Guillaume Benoit in Slash Paris
« (Jesse Darling) est sans aucun doute l’un des artistes les plus pertinents de notre époque, créateur de sculptures instables et distordues où s’incarnent toute la vulnérabilité des corps contraints par les normes étouffantes de nos sociétés. »
« (Jesse Darling) is undoubtedly one of the most necessary artists of our times, whose twisted, unstable sculptures embody all the vulnerability of bodies constrained by society’s stuffy norms »
About Jesse Darling, in Numéro Art Magazine 14
« Jesse Darling est un artiste multidisciplinaire dont le travail vise et sape les récits occidentaux dominants autour de la religion, de l'idéologie et de la politique dans les événements berlinois, les freebies, la nourriture et les nouvelles, dans le but de révéler leur fragilité et leur précarité sous-jacentes. Il y a beaucoup d'esprit dans son travail, car il manipule et modifie des objets quotidiens, révélant la vulnérabilité de choses que nous tenons si souvent pour acquises. »
« Jesse Darling is a multidisciplinary artist whose work takes aim at and undermines dominant Western narratives around religion, ideology and politics in Berlin events, freebies, food & news an attempt to reveal their underlying fragility and precarity. There’s a great deal of wit in his work as he manipulates and alters everyday items, revealing the vulnerability of things that we so often take for granted. »
Duncan Ballantyne-Way, in The Berliner
« C’est à mon sens ici que s’opère le tournant fatidique : Jesse Darling le fait, non en montrant son corps vulnérable – il l’habite, il en parle, il ne le représente pas –, mais notre vulnérabilité collective, notre incapacité commune à habiter ce monde. “Une crise permanente de la vie” (JD) contamine le spectacle. L’impression de précarité est certes produite par la façon dont les choses tiennent “sculpturalement” y compris en intégrant du matériel médical (prothèses, orthèses, cannes, inhalateurs, barres d’appui, sparadrap, béquilles, garrots...) qui donne des signes de détresse et d’inadéquation. »
« Darling achieves this not by showing his vulnerable body – he inhabits and talks about it; he doesn’t represent it – but our collective vulnerability, our shared inability to inhabit this world. “An ongoing crisis of life” (his words) permeates the show.
The impression of precariousness is certainly produced by the way things are “sculpturally” balanced, including the integration of medical equipment (prostheses, orthoses, walking sticks, inhalers, support bars, plasters, crutches, tourniquets, etc.) which emits signs of distress and inadequacy. »
Élisabeth Lebovici, in Numéro Art Magazine 14
« Au milieu de cet agencement brutaliste, on peut trouver la panoplie de la Grande-Bretagne paisible, suburbaine et omniprésente que tant de gens chérissent : des cannes et de vieilles béquilles conformes aux normes du NHS (National Health Service, le système de santé publique du Royaume-Uni, NDLR), desrideaux en toile, des banderoles sur le thème de la monarchie, des drapeaux de l'Union Jack. »
« In the midst of this brutalist arrangement, you can find the panoply of peaceful, suburban, ubiquitous Britain that so many people cherish: canes and old crutches that conform to NHS standards, canvas curtains, monarchy-themed banners, Union Jack flags. »
Tom Seymour, in The Art Newspaper - Éditions Française
« Le fait est que les artistes ne sont pas vraiment des théoriciens ou des experts ; beaucoup d'entre nous ne sont que des charlatans, des chanceurs, volant au gré de leurs envies, racontant des sornettes à qui veut bien les entendre. Ce qui est mélancolique, c'est que tout cela est imprimé. Que quelqu'un le lise ou non est une toute autre chose. »
« The thing is, artists aren’t really theorists or experts of any kind; many of us are just charlatans, chancers, flying by the seat of our pants, chatting nonsense to who- ever will listen. The melancholy thing is that it all gets printed. Whether or not anyone ever reads it is quite another thing. »
Jesse Darling, in Dapper Dan Magazine 19, by Kim Laydlaw
« Il y a de l'énergie et de l'esprit dans ses sculptures, faites de glissières de sécurité et de ruban plastique rouge et blanc, dans ses bougies priapiques fixées aux murs, dans ses marteaux attachés avec des rubans et des cloches et placés dans des vitrines (leur masculinité inhérente est tournée en dérision et transformée, comme s'il s'agissait d'objets fétiches d'une religion future). »
« There's an energy and wit to his sculptures, made from crash barriers and red-and-white plastic tape; to his jaunty, priapic candles attached to walls; to his hammers bound up with ribbons and bells and placed in glasscases (their inherent masculinity spoofed and transformed, as fi they were fetish objects from some future religion). »
Charlotte Higgins, in The Guardian
La série Deeds, en s'inspirant de l'esthétique des archives et de la muséologie paroissiales et amateurs, tente d'imaginer des histoires parallèles pour des communautés et des pratiques qui n'ont peut-être jamais existé. Dans la tradition occidentale, nous honorons nos victoires en enfermant nos armes, trophées et outils dans des vitrines, et nous honorons les morts en exposant leurs victoires au fil des générations. Bien que ce langage visuel soit issu de l'église chrétienne et de l'académie laïque, l'exposition d'objets de cette manière suggère une compréhension animiste selon laquelle ces objets éloquents représentent les ancêtres et, en tant que tels, exigent notre respect. Deeds est une réimagination du passé pour réimaginer l'avenir et n'est que partiellement satirique - moins une forme de critique qu'une intervention d'illusionniste dans une tradition riche en histoire.
The Deeds series, in riffing on the aesthetics of parochial and hobbyist archive and museology, tries to imagine parallel histories for communities and practices that may or may not ever have existed. In the western tradition we honour our victories by locking up our weapons, trophies, and tools in display cases, and we honour the dead by keeping their victories displayed over generations. Although this visual vernacular flows from the Christian church and the secular academy, the display of objects in these ways suggests an animist understanding that these eloquent objects stand in for the ancestors and as such, demand our respect. Deeds is a reimagining of the past in order to reimagine the future and only partially satirical — less a form of critique than a trickster intervention into a storied tradition.
Jesse Darling
PRESS RELEASE:
Jesse Darling combine souvent des matériaux industriels tels que la tôle et l'acier soudés avec des objets du quotidien pour explorer les idées du domestique et de l'institutionnel, de la maison et de l'État, de la stabilité et de l'instabilité, de la fonction et du dysfonctionnement, de la croissance et de l'effondrement.
S'inspirant de la situation côtière de Towner, dans le sud de l'Angleterre, Darling rassemble des œuvres nouvelles et récentes dans une installation qui explore les frontières, les corps, la nation et l'exclusion qui font écho à un élément hostile et contrôlant de l'environnement construit, avec une proximité choquante avec notre quotidien domestique.
♡
Jesse Darling has often combined industrial materials such as sheet metal and welded steel with everyday objects to explore ideas of the domestic and the institutional, home and state, stability and instability, function and dysfunction, growth and collapse. Taking cues from Towner’s coastal location, Darling brings together new and recent works in an installation that explores borders, bodies, nationhood and exclusion that echo a hostile and controlling element of the built environment, with a jarring proximity to our domestic everyday.