↑ Georges Bru, Personnage aux cheveux gris, 2011, Crayons sur papier Arches, Pencil on Arches paper, Dessin : 18,5 x 25,5 cm, (Cadre : 41 x 49 cm).
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↑ Georges Bru, Etude de bêtes, Crayons sur papier Arches, Pencil on Arches paper, Dessin/drawing : 27,5 x 38,5 cm, (Cadre/frame : 47 x 59 cm).
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En collaboration avec la curatrice Margaux Bonopera, la galerie Sultana a le plaisir de vous présenter PROPS, un duo show avec les artistes Georges Bru et Victor Ruiz-Huidobro, du 2 Septembre au 7 Octobre 2023.

Georges Bru (1933 - 2023) est un dessinateur, graveur et peintre français.
En 1976, il s'installe à Toulon où il a enseigné comme professeur à l’École Supérieure d’Art Toulon-Provence-Méditerranée.
Artisan de l’imaginaire, il est un metteur en scène facétieux qui révèle aux spectateur•ice•xs une galerie de personnages et de créatures mirifiques.
Absent, Georges Bru s’efface de son œuvre. Il choisit de laisser la place à ses personnages métamorphosés aux traits dissouts, qu’il présente de façon brute aux spectateur•ice•xs, tout en leur laissant le soin de se faire leur propre avis.
C’est au travers de figures poétique que l’artiste propose une invitation au dialogue, à la curiosité et à l’imagination.

Artiste autodidacte, Victor Ruiz-Huidobro a longtemps exercé le métier de professeur des écoles avant de se consacrer à l’une de ses passions : l’art de raconter des histoires à travers des artefacts farfelus, hérités de mondes imaginés.
Ces tiares et mitres ont tout du profane, et sont destinés à couronner les têtes de celleux qui, une fois l’an, ont le bonheur de trouver la fève dans la galette des rois.
Appuyé sur une iconographie historique conséquente, sa création s’amuse et se joue du sacré, de l’histoire et de la vanité qu’incarne la couronne ou la mitre et la tiare.
Construites et peintes comme de véritables artefacts archéologiques, à la croisée de l’art roman, du surréalisme et du dadaïsme, ses œuvres ont tout de la folie saine du passionné, du conteur d’histoire qui cherche à dépasser la frontière des mots.


In collaboration with the curator Margaux Bonopera, Sultana is pleased to present a duo show with artists Georges Bru and Victor Ruiz-Huidobro, from September 2 to October 7, 2023

Georges Bru (1933-2023) is a French drawer, engraver and painter.
In 1976, he settles in Toulon, where he has taught at the École Supérieure d'Art Toulon-Provence-Méditerranée.
A craftsman of the imaginary, he is a mischievous director who reveals to spectators a gallery of mirific characters and creatures.
Georges Bru is absent from his work. He chooses to make way for his metamorphosed characters, with their dissolved features, which he presents to viewers in a raw manner, leaving them to make up their own minds.
It is through poetic figures that the artist offers an invitation to dialogue, curiosity and imagination.

A self-taught artist, Victor Ruiz-Huidobro was a school teacher for many years before devoting himself to one of his passions: the art of storytelling through eccentric artifacts inherited from imagined worlds.
These tiaras and mitres have all the trappings of the profane, and are destined to crown the heads of those who, once a year, are lucky enough to find the bean in the “galette des rois”.
Drawing on a wealth of historical iconography, their work plays with the sacred, history and vanity embodied by the crown, mitre and tiara.
Constructed and painted like veritable archaeological artifacts, at the crossroads of Romanesque art, surrealism and Dadaism, his works have all the wholesome madness of the passionate, the storyteller who seeks to transcend the boundaries of words.

↑ Georges Bru, La bonne espagnole, Crayons sur papier Arches, Pencil on Arches paper, Dessin/drawing : 55,5 x 74 cm (Cadre/frame : 74,5 x 94,5 cm).
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↑ Exhibition view
↑ Georges Bru, Animal avec nuage, 2011, Crayons sur papier Arches, Pencil on Arches paper, Dessin : 19 x 26,5 cm (Cadre : 40 x 48 cm).
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↑ Georges Bru, Personnage à la houppe, 2013, Crayons sur papier Arches, Pencil on Arches paper, 15 x 20 cm.
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↑ Georges Bru, Sillan la cascade, 1975, Crayons sur papier Arches, Pencil on Arches paper, Dessin/drawing : 51,5 x 63,5 cm, (Cadre/frame : 67,5 x 83 cm).
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↑ Victor Ruiz-Huidobro, Paraphiale, 1994-2005, bandes plâtrées, enduits, gouache, feuilles d'or, 63,8 x 20,8 cm.
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↑ Victor Ruiz-Huidobro, Jarretiare, 1995-2000, bandes plâtrées, enduits, gouache acrylique, tissus 59,3 x 19,4 cm.
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↑ Victor Ruiz-Huidobro, Tiare Capéophile, 2006, bandes plâtrées, enduits, gouache, feuilles d'or, 37,5 x 18,3 cm.
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L’art n’est pas rassurant. Quand même il représente les choses familières, il contraint nos pensées à d’étrange détours (…) parce-que le charme des images tient aux perversions et violences qu’elles font subir à l’ordre commun, le sentiment de l’étrange et l’inquiétude s’y mêlent toujours à l’émerveillement »

Marc Le Bot, Images / Magies, Juillet 1990


Georges Bru et Victor Ruiz-Huidobro appartiennent à une génération commune et ont été maintenu à distance d’une certaine reconnaissance, aussi, est-ce peut-être pour cela qu’ils ont développé chacun une oeuvre subtilement iconoclaste, techniquement innovante et non dénuée d’humour. Tout au long de sa vie Georges Bru a donné naissance à de nombreux personnages, tantôt de profils, tantôt de face, boursouflés ou inquiets et dont l’apparente passivité créée des scènes inquiétantes et embrumées. Malgré la douceur du trait, les dessins de Bru agissent comme un bloc, exerçant, sur celui ou celle qui les regarde, une pression autant qu’un désir d’en découdre pour mieux comprendre ce que l’artiste essaye de nous montrer. Les protagonistes de cette galerie de figures semblent souvent aussi effaré•es de leurs situations que les rares animaux qui les accompagnent. Mi-fantômes, mi-badaud chimériques, les femmes et hommes de Bru nous dérangent. En s’incarnant dans une forme d’inutilité malsaine, ils et elles, sont suspendus à un mystérieux moment dont on ne saurait dire s’il annonce l’effondrement ou le soulagement. Victor Ruiz-Huidobro réalise des tiares et mitres, qui peintes et sculptées, deviennent les couronnes d’un monde à l’envers, où l’ordre, le sens et la raison seraient mis à mal au profit de l’imagination et du jeu. Ces coiffes, éléments principaux des costumes liturgiques, deviennent ici les supports d’une iconographie et de narrations joyeuses et référencées. La précision du travail d’ornementation place ces objets dans un entre deux formel et usuel absurde : à la fois oeuvre à contempler, ils sont également voués à être portés, ils possèdent la vivacité de jeux d’enfants ainsi que la rigueur de pièces ethnographiques. Les tiares et les mitres de Victor Ruiz-Huidobro deviennent ainsi sacrées uniquement pour celles et ceux qui savent se « prendre aux jeux ».


"Art is not reassuring. Even when it represents familiar things, it forces our thoughts into strange detours (...) because the charm of images lies in the perversions and violence they inflict on the common order, the feeling of the strange and disquiet are always mingled with wonder".
Marc Le Bot, Images / Magies, Juillet 1990

Georges Bru and Victor Ruiz Huidobro belong to a common generation yet remain at a distance from a sense of recognition, perhaps because of this they have each developed a work that is so subtly iconoclastic, technically innovative and imbued with a sense of humor. Throughout his life, George Bru created numerous portraits, sometimes in profile, sometimes full-frontal, bloated or worried, whose apparent passivity creates disquieting, misty scenes. Despite the softness of their lines, Bru's drawings act like a block, exerting on the viewer a pressure as much as a desire to get to grips with what the artist is trying to show us. The protagonists of this gallery of figures often seem as bewildered by their situations as the rare animals that accompany them. Half-ghosts, half-chimeric cads, Bru's men and women disturb us. Embodied in a form of unhealthy uselessness, they are suspended in a mysterious moment that we can't tell whether it heralds collapse or relief. Victor Ruiz Huidobro creates tiaras and mitres, which, painted and sculpted, become the crowns of an upside-down world, where order, sense and reason are thrown aside in favor of imagination and play. These headdresses, the main elements of liturgical costumes, become the mediums for a joyful, referential iconography and narrative. The precision of the ornamentation places these objects in an absurd in-between of form and function: at once a work to be contemplated, they are also destined to be worn, possessing the liveliness of children's games as well as the rigor of ethnographic pieces. Victor Ruiz Huidobro's tiaras and mitres thus become sacred only to those who know how to "play the game".


- Margaux Bonopera

↑ Exhibition view
↑ Victor Ruiz-Huidobro, Mitre insensée pour droitier, 2019, bandes plâtrées, enduits, gouache, feuilles d'or, 20 x 38,5 x 32 cm.
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↑ Victor Ruiz-Huidobro, Nychtémitre ou Miramar les jours fériés et Ophtalmitre les jours ouvrables, 2005-2007, bandes plâtrées, enduits, gouache, 21,5 x 21,9 cm.
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↑ Georges Bru, Personnage en Mamamouchi , 2015, Crayons sur papier Arches Paper, Pencil on Arches, 2.9 x 19 cm.
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↑ Victor Ruiz-Huidobro, Paraphiale, 1994-2005, bandes plâtrées, enduits, gouache, feuilles d'or, 63,8 x 20,8 cm.
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↑ Georges Bru, Personnage au bouclier, 2014, Crayons sur papier Arches, Pencil on Arches paper, 15 x 20 cm.
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GEORGES BRU

La chair de l’homme(1)


Nous sommes intrigués, happés et fascinés, tout autant qu’interloqués face à cette galerie de créatures dont on ne peut déterminer avec certitude le genre, le médium ou l’époque de création. Ainsi sort-on incertain et décontenancé de la rencontre avec les personnages de Georges Bru.

Pour la plupart de profil, tantôt de face ou de trois-quarts (rappelant l’iconographie du portrait de la Renaissance ou encore de la Numismatique(2) Classique), ils sont souvent solitaires et accompagnés de peu d’éléments de paysage ou de décor. Pris ensemble, ils mettent en scène un foisonnement de corps boursouflés et rebondis qui s’est constitué et enrichi sur plus de cinquante ans. Les titres pleins d’humour dévoilent le caractère “théâtral” de ces personnages dénués d’un quelconque semblant d’individualité. Pour n’en citer que quelques-uns : Personnage a l’air froissé — Personnage au discours fumeux — Personnage un peu trop sophistiqué — Personnage plutôt russe — Chef de gare — Personnage au bras levé — La bonne espagnole…
Définis simplement par une gestuelle ou une fonction, Bru semble décliner à partir d’une même iconographie une infinie variation de personnages sur des motifs qu’il conjugue inlassablement, tel un nominaliste pictural. Pour les mettre en scène, Bru use de techniques traditionnelles ou inventées, du crayon à papier au crayon cire, la colle, ou la poudre de graphite sur des papiers du commerce – papier Arches 400 grammes comme il aime à le préciser – utilisés comme tels ou bien pré-enduits de cire, d’acrylique ou encollés.
Au cours de ces expérimentations techniques, ce fabulateur autodidacte et badin a conçu une méthode de dessin se rapprochant de la peinture, où le trait s’estompe et disparaît entièrement pour laisser place à un jeu subtil et maitrisé de chiaroscuro et de sfumato. Ce faisant, il privilégie une palette allant du noir au blanc en passant par tous les tons de gris, ou parfois la présence unique d’une couleur monochrome de jaune délavé. Semblant surgir de la lampe d’Aladin – ces personnages aux tonalités feutrées s’apparentent à des apparitions dont la précision des visages et des troncs tend à se fondre progressivement jusqu’à la disparition complète des extrémités des membres, des paysages, et arrière-plans dans des nuées incertaines.

Si ces corps paraissent vaporeux et spectraux, le statut ontologique de ces personnages et créatures n’en est pas moins incertains. Mutiques et impénétrables, ils ne semblent pas exprimer de sentiment, comme s’ils étaient absents à eux-mêmes et au monde. Le rapprochement avec Piero della Francesca n’est pas anodin, notamment avec son Triomphe de la chasteté ou Double Portrait des ducs d’Urbino (vers 1465-1472) où le caractère impassible du modèle se confond presque avec celui des objets représentés. A la fois distants et incarnés, en proie à l’ennui ou à la turpitude, tantôt en attente ou en lutte, sujets ou témoins, ces personnages “Bruesques” se définissent par une présence quasi-théâtrale ou par un geste unique : lever un bras, lire un livre, faire une acrobatie, avoir les cheveux gris ou être chef de gare. Bru nous convie ainsi à une pantomime de corps, campant une foultitude de personnages qui ne racontent que ce qu’ils sont ou peut-être ce qu’ils deviennent. Une action, un titre ou un matricule seul leur confèrent un “autonomie ou réalité”, ou “leur destinée” pour reprendre les termes de l’artiste.
Les corps de Bru nous fascinent tout autant qu’ils nous troublent. A l’instar de Botero, les corps de Bru sont “volumétriques” : tout en rondeur, potelés, tour-à-tour éléphantesques dans le gonflement du corps et serpentins dans la finesse des pieds et des mains. Contrairement au peintre colombien toutefois, il ne s’en dégage aucune douceur : il s’agit ici de dépeindre la chair de l’homme.

Son intérêt pour l’imagerie populaire, les dessins techniques, les planches scientifiques et anatomiques se retrouve dans certains dessins parés de cadres et de phylactères dont les découpes d’organes et de parties du corps sont dépeintes avec la minutie et la rigueur d’un travail au microscope comme dans son Étude de bêtes. Dans la pratique de Bru, les personnages cèdent ainsi la place à une typologie de dessins qui semblent tout entiers dédiés au charnel et à ce qu’on pourrait appeler “la plomberie humaine”(3). Cela n’est pas sans faire écho à Francis Bacon qui disait vouloir des images qui “surgiraient d’un fleuve de chair” d’où émergeraient des êtres et des figures.
Valère Novarina décrit l’homme comme un “animal humain doté de la parole – à la fois la viande et le verbe”. Chez Bru, le verbe est absent, les images de chair s’apparentent à de la viande déformée, des corps entrelacés, fusionnés (tel ces personnages qui semblent partager le haut du tronc et un bras tels des jumelles siamoises ou des serpents amphisbènes dans 2 ou 3 personnages) ou encore contorsionnés (Bru opère fréquemment un jeu d’inversion subtil des vues frontales et postérieures des figures). Nombre de ses personnages sont affublés d’excroissances énigmatiques, de longues formes tubulaires – phalliques ou bien intestinales – qui prolongent ces corps vaporeux. Ainsi, une sorte de protubérance émerge de l’arrière-tête de La bonne espagnole pour venir se poser sur la table à laquelle elle est assise, jambes croisées, en attente. Mais il s’agit surtout d’un théâtre de la transformation où les corps sont en devenir et en métamorphose.

Si le genre des personnages semble parfois indéterminé et les portraits de femmes sont parfois difficilement discernables des portraits d’homme, il s’opère également un autre glissement, celui de la forme humaine vers la forme animale. Bru partage là encore cette prédilection avec Bacon dont la fascination pour les animaux, les créatures et notamment les chiens est bien connue et avec les représentations antiques de l’homme. Ainsi, l’Animal avec nuage – mi-chien mi-humain – ou encore La patée mettent en scène des chiens aux allures et visages nettement humains, tandis que d’autres œuvres tendent vers une pure abstraction organique dépeignant des formes, corps et espèces unicellulaires ou bien en formation, embryonnaires (la biologie nous apprend que le processus de morphogénèse procède en cascade). Et comme chez Bacon, la manière dont l’humain se meut demeure la preuve irréfutable de sa bestialité.

Nimbés d’une certaine sensualité, les créatures de Bru entraînent le visiteur dans un univers onirique et lointain en même temps qu’elles le renvoient à l’intérieur le plus proche, le plus intime et le plus charnel. Le glissement vers une érotique et l’évocation du fétiche sont alors prévisibles.

Bru dessine toute une série de créatures et de corps enfermés, entravés, prostrés, assujettis, littéralement en laisse, corsetés, en attente et silencieux. A la fois un lieu de souffrance et d’émancipation, le corps est le vaisseau de tous les enfermements et de toutes les libertés. Georges Bru évoque et convoque des corporéités en mutation, souvent réifiés (le corps-sujet de la science, le corps-objet de la sexualité). Mais inlassablement la présence de ses titres humoristiques renverse et dissipe toute agressivité inhérente aux situations évoquées pour revenir vers le registre du fantasmagorique et du burlesque.

Qu’il le dépeigne sous forme de planche médicale, de blason, de portrait ou bien en transformation, la corporéité (l’enveloppe et l’intérieur) est au cœur de son travail. Exploitant le caractère éminemment ductile du corps, il l’emploi comme matériau de création. Ses gestes – notamment dans son bas de dame – sont à envisager en regard au fétichisme plus clairement assumé de Pierre Molinier(4). Bru représente des corps et des anatomies indéterminés, dissidents même. Il traite le corps comme une sculpture et, ce faisant, donne à voir de nouvelles possibilités en matière de représentation de la forme humaine.


- Eimear Martin
Commisaire d'exposition indépendante / Critique d''art



(1) Sous-titre tiré du texte du même titre de Valère Novarina publié par P.O.L en 1995
(2) La numismatique a pour objet l'étude des monnaies et médailles
(3) Expression employée par Robert Butheau dans son texte “Le machinisme humain de Georges Bru” in L’Equilibriste Vraie-Fausse revue d’art pour Georges Bru, No 1 mars 1997
(4) À noter qu’Yves Hamon – voyageur de commerce pour un fabricant de bas de dames et collectionneur – réunit autour de manière informelle des artistes singuliers tels que Georges Bru, Fred Deux, Pierre Molinier, Alfred Courmes, Irina Ionesco, Jean-Marie Poumeyrol etc.

↑ Exhibition view

GEORGES BRU
The flesh of man (1)


This gallery of creatures whose gender, medium and period of creation cannot be determined with any certainty leaves us intrigued, fascinated and bewildered. Thus, we come away unsure and disconcerted from our encounter with Georges Bru's characters.

Predominantly in profile, at times from a frontal or three-quarter view (reminiscent of Renaissance portraiture or Classical Numismatics(2) ), they are often solitary or accompanied by only a few elements of landscape or décor. Taken together, they form a cast of enlarged and rotund bodies that was put together and enriched over a period of more than fifty years. The humorous titles reveal the "theatrical" nature of these characters, devoid as they are of any semblance of individuality. To mention just a few: Character with a Furrowed Look - Character with a Hazy Speech - A Somewhat Overly Sophisticated Character - A Russian-looking Character - Station Master - Character with a Raised Arm - The Spanish Maid...

Based on motifs that he endlessly plays with in the manner of a visual nominalist, Bru seems to use the same iconography to create an infinite variation of characters defined simply by gesture or a function. Bru stages them using traditional or invented techniques, from pencil to wax crayon, glue or graphite powder, on commercial paper - 400-gramme Arches paper, as he likes to specify - used as such or pre-coated with wax, acrylic or glue.

In the course of his technical experiments, this self-taught, playful fabulist devised a method of drawing that resembles painting, where the line fades and disappears entirely to make way for a subtle and controlled play of chiaroscuro and sfumato. In doing so, he draws on a palette that ranges from black to white, through all shades of grey, with sometimes the unique presence of a monochromatic colour of faded yellow. Seeming to emerge from Aladdin's lamp, these muted figures resemble apparitions whose precisely defined faces and torsos gradually fade away, until the extremities of the limbs, landscapes and backgrounds disappear into an uncertain cloud.

If these bodies appear vaporous and spectral, their ontological status is no less uncertain. Mute and impenetrable, they seem to express no feeling whatsoever, as if they were absent to themselves and to the world. The comparison with Piero della Francesca is not without interest here. We are most notably reminded of his Portraits of the Duke and Duchess of Urbino, Federico da Montefeltro and Battista Sforza (c. 1473-1475), in which the impassive character of the model almost merges with that of the objects depicted. At once distant and embodied, prey to boredom or turpitude, at times waiting or struggling, subjects or witnesses, these "Bruesque" characters are defined by their quasi-theatrical presence or by a single gesture: raising an arm, reading a book, performing an acrobatic act, having grey hair or being a stationmaster. Bru invites us into a pantomime of bodies, portraying a host of characters who tell us only what they are, or perhaps what they are becoming. An action, a title or a serial number alone give them "autonomy or reality", or "their destiny", as the artist puts it.

Bru's bodies fascinate us as much as they disturb us. Like those of Botero, Bru's bodies are "volumetric": rotund, plump, alternately elephantine in their swelling and serpentine in the finesse of their feet and hands. Unlike the Colombian painter, however, there is no softness to be found here: the aim is to depict human flesh.

His interest in popular imagery, technical drawings, scientific and anatomical plates is reflected in certain drawings that are adorned with frames and phylacteries, in which the cut-outs of organs and body parts are depicted with the meticulousness and rigour of microscopic work, as in his Study of Beasts. In Bru's practice, figures give way to a typology of drawings that seem entirely dedicated to the carnal and to what we might call "human plumbing"(3) . This echoes Francis Bacon's desire for images that would "spring from a river of flesh" from which beings and figures would emerge.

Valère Novarina describes man as "a human animal endowed with speech - both meat and word". In Bru's work, the verb is absent, the images of flesh resemble deformed meat, intertwined or fused bodies (such as the figures who seem to share an upper torso and an arm, like Siamese twins or amphisbaena snakes in Two or Three Figures), or even contorted bodies (Bru frequently uses subtle inversions of the figures' front and rear views). Many of his figures are adorned with enigmatic excrescences, long tubular forms - phallic or intestinal - that extend these vaporous bodies. For example, a kind of protuberance emerges from the back of La bonne espagnole's head to rest on the table at which she sits, cross-legged, waiting. But above all, this is a theatre of transformation, where bodies are in the process of becoming and metamorphosing.

If the gender of the figures sometimes seems indeterminate, and the portraits of women are sometimes nearly indistinguishable from those of men, there is also another shift that takes place in these drawings from the human to the animal form. Here again, this is a predilection that Bru shares with Bacon, whose fascination with animals, creatures and especially dogs is well known. Animal with Cloud - part-dog, part-human - and Dog Food feature dogs with distinctly human faces, while other works tend towards pure organic abstraction, depicting unicellular or embryonic forms, bodies and species (biology teaches us that the process of morphogenesis proceeds in cascades). And, as with Bacon, the way humans move is the irrefutable proof of their bestiality.

Shrouded with an aura of sensuality, Bru's creatures draw visitors into a distant, dreamlike universe, while at the same time sending them back to their closest, most intimate and carnal interior. This gives rise to a tilt towards eroticism and a predictable evocation of the fetish.

Bru draws a whole series of creatures and bodies that are enclosed, fettered, prostrate, subjugated, literally on a leash, corseted, waiting and silent. At once a place of suffering and emancipation, the body is the vessel of all confinement and freedom. Georges Bru evokes and summons up bodies in mutation, often reified (the body-subject of science, the body-object of sexuality). But the presence of his humorous titles endlessly reverses and dissipates any aggression inherent in the situations depicted, bringing us back to the register of the phantasmagorical and the burlesque.
Whether he depicts the body in the form of anatomical illustrations, a coat of arms, a portrait or in transformation, corporeality (the envelope and the interior) is at the heart of Bru’s work. Exploiting the eminently ductile nature of the body, he uses it as a creative material. His gestures – notably in his Lady's Stockings - should be seen in connection and contrast with Pierre Molinier's (4) more clearly asserted fetishism. Bru depicts indeterminate, even dissident bodies and anatomies. He treats the body as sculpture, and in so doing, he opens up new possibilities for the representation of the human form.


- Eimear Martin
Independent curator / Arts writer



(1) Subtitle taken from the text of the same title by Valère Novarina published by P.O.L in 1995
(2) Numismatics is the study of coins and medals.
(3) Expression used by Robert Butheau in his text "Le machinisme humain de Georges Bru" in L'Equilibriste Vraie-Fausse revue d'art pour Georges Bru, No. 1 March 1997.
(4) Of note, Yves Hamon – a salesman for a ladies' stocking manufacturer and art collector - informally brought together singular artists such as Georges Bru, Fred Deux, Pierre Molinier, Alfred Courmes, Irina Ionesco, Jean-Marie Poumeyrol and others.

↑ Georges Bru, L'homme à cheval, 1976, Crayons sur papier Arches, Pencil on Arches paper, Dessin/drawing : 34,5 x 53 cm, Cadre/frame : 57 x 76,5 cm.
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↑ Victor Ruiz-Huidobro, Peccamimitre, 2005, bandes plâtrées, enduits, gouache, feuilles d'or, 35 x 27,1 cm.
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↑ Georges Bru, Bas de dame, 2011, Crayons sur papiers Arches, Pencil on Arches paper, Dessin/drawing : 28 x 37 cm, Cadre/frame : 28 x 37 cm.
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"Victor Ruiz-Huidobro s’est un jour amusé à créer des couvre-chefs ornementaux, plus ou moins hauts, doués de fonctions excentriques, tous royalement farfelus, droit sortis d’un esprit ouvert à l’invention et au jeu. Il a persévéré et se trouve aujourd’hui à la tête d’un nombre conséquent de modèles uniques.

One day, Victor Ruiz-Huidobro started creating ornamental headgear, more or less elevated,
endowed with eccentric functions, all royally wacky, straight out of a mind open to invention and games. He persevered and now owns a substantial number of one-off models."

Publié dans / published in Profane n°10

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