↑ "A Swingin'Summer", Exhibition View, Galerie Sultana 2019, © aurélien mole
↑ "A Swingin'Summer", Exhibition View, Galerie Sultana 2019, © aurélien mole
↑ "A Swingin'Summer", Exhibition View, Galerie Sultana 2019, © aurélien mole
↑ "A Swingin'Summer", Exhibition View, Galerie Sultana 2019, © aurélien mole
↑ "A Swingin'Summer", Exhibition View, Galerie Sultana 2019, © aurélien mole
↑ "A Swingin'Summer", Exhibition View, Galerie Sultana 2019, © aurélien mole
↑ "A Swingin'Summer", Post Cards Story 2019, Galerie Sultana 2019, © aurélien mole
↑ Asia, Beaucours, 2019, crayon de couleur sur papier / coloured pencil on paper, 15 x 10 cm
↑ , 2019, crayon de couleur sur papier / coloured pencil on paper, 15 x 10 cm
↑ Coco, Sanary Sur Mer, 2019, crayon de couleur sur papier / coloured pencil on paper, 15 x 10 cm
↑ Lena, La Kima, 2019, crayon de couleur sur papier / coloured pencil on paper, 15 x 10 cm
↑ Uluwatu, 2019, plâtre, sable, socle métal émaillé vert / plaster, sand, green enamelled metal pedestal, 15 x 40 x 15 cm © aurélien mole
↑ Le Langoustier, 2019, plâtre, sable, socle métal émaillé orange / plaster, sand, green enamelled metal pedestal, 15 x 43 x 15 cm © aurélien mole
↑ Rob ,2018 Surf board sculpture, resin, acrylic, glass fiber, wood / sculpture surfable. pain de mousse polystyrène latée, peinture acrylique, fibre de verre, résine, bois. 122,5x54,5x20 cm © aurélien mole
↑ Rob ,2018 Surf board sculpture, resin, acrylic, glass fiber, wood / sculpture surfable. pain de mousse polystyrène latée, peinture acrylique, fibre de verre, résine, bois. 122,5x54,5x20 cm
↑ Peter ,2018 sculpture surfable. pain de mousse polystyrène latée, peinture acrylique, fibre de verre, résine, bois. 290x60x25 cm © aurélien mole
↑ Peter ,2018 sculpture surfable. pain de mousse polystyrène latée, peinture acrylique, fibre de verre, résine, bois. 290x60x25 cm © aurélien mole
↑ Miki ,2018 Surf board sculpture, resin, acrylic, glass fiber, wood / sculpture surfable. pain de mousse polystyrène latée, peinture acrylique, fibre de verre, résine, bois. 179x53x21 cm © aurélien mole
↑ Miki ,2018 Surf board sculpture, resin, acrylic, glass fiber, wood / sculpture surfable. pain de mousse polystyrène latée, peinture acrylique, fibre de verre, résine, bois. 179x53x21 cm © aurélien mole
↑ Traffic Sign Painting #3 (Lémurien Kurt Cobain) , 2019, Peinture acrylique sur panneau de signalisation / acrylic painting on traffic sign, 88 cm © aurélien mole
↑ Traffic Sign Painting #2 (Cheval Lee Hazlewood) , 2019 Peinture acrylique sur panneau de signalisation / acrylic painting on traffic sign, 66 cm © aurélien mole
↑ Traffic Sign Painting #1 (brebis Jannis Joplin) , 2019, Peinture acrylique sur panneau de signalisation / acrylic painting on traffic sign, 60 x 79,5 cm © aurélien mole
↑ La Maison du Jouir , 2019, métal émaillé violet et vernis phosphorescent / purple enamelled metal and phosphorescent varnish, 84 x 81 x 3,5 cm © aurélien mole
PRESS RELEASE:

Il faut s'imaginer que le mur sur lequel les surfs s'alignent sur une plage de Malibu ou d'ailleurs composent et recomposent un ensemble d'histoires et de formes à chaque nouvelle session de glisse. Il est de multiples récits possibles. Il est aussi des murs célèbres dans l'histoire du surf. Celui sur lequel Miki Dora, dit Da-Cat, signifiait dans les années 1960, son autorité en un tag, « Da-Cat Rules », en fait partie. Entre les planches de surf plantées dans le sable et les « Locals only » affichés sur les murs, il était question de territoires, d'une certaine forme de virilité outrageuse et d'exclusivité des paysages.

L'exposition A Swingin' Summer qui, comme toutes les expositions d'Olivier Millagou, emprunte son titre à un surf movie, prend pour origine ce plan vertical faisant face à la mer et qui porte contre lui l'expression de ce besoin vital d'horizon. Penser une exposition comme un mur de plage c'est placer le regardeur du côté de l'océan au milieu de la houle, les chevilles léchées par l'écume des vagues. C'est surtout signifier bien plus qu'un attachement ou qu'un engagement, une manière d'être et d'envisager le monde. La plage comme une omniprésence, comme un milieu naturel, un éco-système duquel peut s'extraire une production artistique. Alors chacune des œuvres exposées doit son origine à cette bande de littoral. Sculptures moulées directement dans le sable, dessins de plage, panneaux de signalisation peints et exposés au soleil, et bien sûr planches totémiques prêtes au voyage... tout s'extrait et s'aligne frontalement devant (ou sur) un mur peint.

A Swingin' Summer se parcourt du regard d'Est en Ouest. L'exposition est une séquence qui compose un arc-en-ciel. Une exposition née d'une pluie d'été. Les gammes chromatiques s'emboitent du rouge, orange, jaune, vert, bleu jusqu'au violet. Et le son d'un orchestre composé de la mer, de quelques planches, de vent et de sable, diffuse dans l'espace le souffle de ce qu'on pourrait prendre à juste titre pour la mère de toutes les surf music. Le décor est planté. Peter est une grande sculpture rose et rouge, elle habite cet espace, elle est la plus imposante des trois sculptures surfables. Elle se distingue par sa taille, par la superposition de ses motifs de divinités polynésiennes, autant que par sa forme évocatrice qui semble avoir quelque-chose à prouver. S'il était possible que l'expression d'une virilité puisse encore transparaitre dans les codes du surf aujourd'hui, on se dit que Peter pourrait sans doute en témoigner. Mais c'est Peter Drouyn qu'Olivier Millagou convoque, un des surfers les plus respecté, le modèle d'une génération, et qui en 2012 changea de sexe pour devenir Westerly Windina à l'occasion d'un voyage en Thaïlande. Ici comme ailleurs il est donc des mondes qui s'érigent sur la chute d'anciens.

L'ensemble des sculptures surfables sont réalisées à partir des matériaux (bio-mousse, fibre de lin, résine bio sourcée...) et des techniques (channel, finless, rockers, tails...) issus du savoir-faire shaper1. Cependant leur nature est contrariée par l'envie de déplacer la question de leur performance du côté du rendu formel. Irrégulières, disproportionnées, voire asymétriques, elles se tiennent debout, font face et malgré leur handicap criant semblent attendre qu'on se décide enfin à se jeter à l'eau, ventre à plat.

Face au mur de A Swingin' Summer, une communauté est rassemblée. Peter (Drouyn), Miki (Dora) ou Rob (Machado), croisent d'étranges figures, mélange de tikis2 et de cartoon, épinglées comme on montre les statuettes ancestrales de cultures lointaines dans les musées . Moulées dans le sable d'une plage, elles auraient le pouvoir de faire advenir les bonnes vagues. Prier pour la possibilité d'un tube. Brebis Janis Joplin, lémurien Kurt Cobain, cheval Lee Hazlewood, sont aussi de la fête (et les tubes adviennent). Peints grossièrement sur des panneaux de signalisation, ils veillent à ce que rien ne devienne vraiment normal. Ils sont pour Olivier Millagou les apparitions hallucinées d'un monde sauvage, une vision hippie dans laquelle les postiches valent toutes les identités. On se situe sur un territoire de croyances, un terrain de jeu où énoncer les choses revient à les rendre réelles. Au soleil couchant, une enseigne confirme ce qu'on avait ressenti dans l'instant, il est avant tout question ici de plaisir. Annonçant « La maison du jouir », l'enseigne évoque la dernière demeure de Gauguin dans les Îles Marquises. Sur ses soubassements le peintre n'avait pas éprouvé le besoin de tagger son autorité mais y avait inscrit la devise de ce qu'il considérait être un précepte de bonheur « Soyez amoureuses et vous serez heureuses ». Penser une exposition comme un mur de plage permet de construire des histoires, de creuser des tunnels et de rassembler les siens.

A Swingin' Summer, est la quatrième exposition monographique d'Olivier Millagou à la galerie Sultana, elle réunie une communauté hétérogène, hédoniste et solaire.

Guillaume Mansart Janvier 2019
1 Le shaper est l'artisan qui fabrique les planches de surf.
2 Les tikis sont de petites sculptures polynésiennes représentant des personnages mi humains mi divins.


It is necessary to imagine that the wall on which the surfers line up on a beach in Malibu or elsewhere compose and recompose a set of stories and shapes with each new sliding session. There are many possible stories. There are also famous walls in the history of surfing. The one on which Miki Dora, known as Da-Cat, signified her authority in the 1960s in a tag, "Da-Cat Rules", is one of them. Between the surfboards planted in the sand and the "Locals only" displayed on the walls, there was a question of territories, a certain form of outrageous virility and exclusivity of landscapes.

The exhibition A Swingin' Summer, which, like all Olivier Millagou's exhibitions, takes its title from a surf movie, takes as its origin this vertical plane facing the sea and which carries against it the expression of this vital need for the horizon. To think of an exhibition as a beach wall is to place the viewer on the ocean side in the middle of the swell, ankles licked by the foam of the waves. Above all, it means much more than an attachment or commitment, a way of being and looking at the world. The beach as an omnipresence, as a natural environment, an eco-system from which an artistic production can be extracted. So each of the works on display owes its origin to this strip of coastline. Sculptures moulded directly into the sand, beach drawings, painted and sun-exposed road signs, and of course totem boards ready for travel... everything is extracted and aligned frontward in front of (or on) a painted wall.

In A Swingin' Summer, you can see it from East to West. The exhibition is a sequence that makes up a rainbow. An exhibition born from a summer rain. The chromatic scales are intertwined from red, orange, yellow, yellow, green, blue to purple. And the sound of an orchestra composed of the sea, a few boards, wind and sand, diffuses into space the breath of what we could rightly take for the mother of all surf music. The stage is set.

Peter is a large pink and red sculpture, it lives in this space, it is the most imposing of the three surfable sculptures. It is distinguished by its size, by the superposition of its Polynesian deities motifs, as well as by its evocative shape which seems to have something to prove. If it was possible that the expression of virility could still be seen in surfing codes today, we think that Peter could probably testify to it. But it is Peter Drouyn whom Olivier Millagou summons, one of the most respected surfers, the model of a generation, and who in 2012 changed sex to Westerly Windina during a trip to Thailand. Here as elsewhere, there are worlds that stand on the fall of elders.

All the surfable sculptures are made from materials (bio-foam, linen fibre, organic sourced resin...) and techniques (channel, finless, rockers, tails...) derived from shaper1 know-how. However, their nature is thwarted by the desire to shift the question of their performance to the formal rendering side. Irregular, disproportionate, even asymmetrical, they stand upright, face each other and despite their glaring handicap seem to be waiting for us to finally decide to throw ourselves into the water, belly flat.

Facing the wall of A Swingin' Summer, a community is gathered. Peter (Drouyn), Miki (Dora) or Rob (Machado), cross strange figures, a mixture of tikis2 and cartoon, pinned as we show the ancestral statuettes of distant cultures in museums. Moulded in the sand of a beach, they would have the power to make the right waves happen. Pray for the possibility of a tube. Sheep Janis Joplin, lemur Kurt Cobain, horse Lee Hazlewood, are also part of the celebration (and the tubes happen). Coarsely painted on traffic signs, they make sure that nothing really becomes normal. For Olivier Millagou, they are the hallucinated apparitions of a wild world, a hippie vision in which hairpieces are worth all identities. We are on a territory of beliefs, a playground where stating things is like making them real.

At sunset, a sign confirms what we had felt in the moment, it is above all a question of pleasure. Announcing "La maison du jouir", the sign evokes Gauguin's last residence in the Marquesas Islands. On his foundations the painter had not felt the need to tag his authority but had written on it the motto of what he considered to be a precept of happiness: "Be in love and you will be happy".

Thinking of an exhibition as a beach wall allows you to build stories, dig tunnels and gather your own. A Swingin' Summer, is Olivier Millagou's fourth monographic exhibition at Sultana Gallery, bringing together a heterogeneous, hedonistic and solar community.

Guillaume Mansart

1.The shaper is the craftsman who makes surfboards.

  1. Tikis are small Polynesian sculptures representing half human, half divine characters.
PRESS:

cp_a-swingin-summer-2019.pdf (111.58 kB)

Sultana