↑ Pia Camil, They, Installation view at Sultana © aurélien mole
↑ Pia Camil, They, Installation view at Sultana © aurélien mole
↑ Pia Camil, They, Installation view at Sultana © aurélien mole
↑ Pia Camil, They, Installation view at Sultana © aurélien mole
↑ Pia Camil, They, Installation view at Sultana © aurélien mole
PRESS RELEASE:

There is a lot of drama in what Pia Camil puts in front of us, but it’s always a screamless drama, as if suspended: waiting for an upcoming action, the crack. To talk about cracks when approaching Camil’s work, primarly known for her manipulation of textiles, seems, in the first place, quite odd – a fabric doesn’t crack, it rips, it tears apart - But the artist’s textile pieces, always on the verge of ripping because rethought / repaired from already torned apart manufactured products, are the holders of potential cracks, questionning the fragility of what sustain us and hold us together.

The promise of the crack, that which holds the potential of the drama, is also the door to theatre. The curtains, costumes and masks could then, suddenly, become alive. They are, actually, full of holes, holes that could act as the nests for organes with various functions. And then, in between holes and cracks, something happens. It’s about gravity: either Camil’s works are in suspension, or they have fallen, they also enable, sometimes, to suspend the fall – that is the case of the masks and hammock -. And the holes, then, allow an escape in the shape of a fall.

And then there’s They, this hybrid character with hard edges in some places - even pointy -, and with other parts streamlined. They is another way for Camil to interrogate the drama of togetherness. Performing for a camera – another hole -, in a desidentified time-space, They doesn’t seem to be at ease. It is difficult to understand if this character which looks like it came straight out of a Beckett play, is seeking to be seen or trying to hide, but something is certain: They wants jam. In a nearly-erotic routine, They is full desire.

The issue of desire, what we desire, as individuals as well as together, is at the core of Camil’s work. Its strenght lies in the tension between formal pleasure, abstracted from any other preoccupations, and the emphasis put on modes of production which question our relationships to mass production, exploitation and waste: make yourself comfortable at the heart of the hammock in front of you and the questions will arise by themselves.

Cédric Fauq


Il y a beaucoup de drame dans ce que Pia Camil nous présente, mais c’est toujours un drame qui ne crie pas, parce qu’en flottaison : dans l’attente de l’action à venir, la fissure. Parler de fissure vis à vis du travail de Camil, que l’on reconnaît avant tout pour sa manipulation des textiles, peut paraître, aux premiers abords, étrange - un tissu, ça ne se fissure pas, ça se déchire, ça craque -. Mais les œuvres textiles de l’artiste, toujours aux bords du déchirement parce que repansés / repensés à partir de produits manufacturés déjà tiraillés, sont avant tout les porteurs de fissures possibles, questionnant la fragilité de ce qui nous tient et contient.

La promesse de la fissure, celle qui porte le potentiel du drame, est aussi la porte vers le théâtre. Les rideaux, les costumes et les masques pourraient alors, soudainement, prendre vie. Ils sont d’ailleurs souvent pleins de trous, trous qui pourraient faire office d’orifices pour des organes aux fonctions diverses. Et alors, entre les trous et les fissures, quelque chose se passe. Il est question de gravité : ou bien les œuvres de Camil sont en suspension, ou bien elles sont tombées, elles permettent aussi, parfois, de suspendre la chute – c’est le cas des masques et du hamac -. Et les trous, eux, permettent une fuite sous forme de chute.

Et puis il y a They, ce personnage hybride aux angles parfois anguleux – même pointus -, et d’autres fois saillants. They est une autre manière pour Camil d’interroger la question du drame de notre vivre ensemble. Performant pour une caméra - un autre trou -, dans un espace-temps désidentifié, They semble mal à l’aise. Il est difficile de comprendre si ce personnage qui semble tout droit sorti d’une pièce de Beckett cherche à se montrer ou essaie au contraire de se cacher, mais une chose est certaine : They veut de la confiture. Dans une routine frôlant l’érotisme, They est entièrement convoitise.

La question du désir, de ce que nous désirons, en tant qu’individus mais aussi ensemble, est au cœur du travail de Camil. Sa force est toute entière située dans la tension entre un plaisir formel abstrait de toute préoccupation et la mise en relief de modes de production qui interrogent nos rapports à la production de masse, l’exploitation et le déchet : prenez place au cœur du hamac qui se présente ici à vous et les questions viendront d’elles-mêmes.

Cédric Fauq

PRESS:

cp_pia-camil_they.pdf (214.25 kB)

Sultana