Yesn’t est une négation utilisée pour exprimer un désaccord, ou une réticence à faire quelque chose. C’est une autre (ou meilleur) manière de dire « non ».
ABSALON
L’artiste Esher Meir, dit Absalon, est né en 1964 à Ashdod en Israël. Il est mort à Paris en 1993. Sa carrière fulgurante aura duré à peine six années. Très vite connu et reconnu, il a produit une œuvre homogène et d’emblée identifiable, à la fois représentative de l’art au tournant des années 1980 et 1990, et très singulière, dont la forme essentielle touche à l’habitat. Ni architecte, ni designer, mais artiste dans la dimension formelle et prospective qu’il convient d’associer à ce mot, il est l’auteur de pièces que l’on appréciera aussi pour leur dimension anthropologique.
Jean-Marc HUITOREL dans Universalis
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Artist Esher Meir, aka Absalon, was born in 1964 in Ashdod, Israel. He died in Paris in 1993. His meteoric career lasted barely six years. Very quickly known and recognized, he produced a homogeneous and immediately identifiable work, both representative of art at the turn of the 1980s and 1990s, and very unique, the essential form of which touches the theme of the habitat. Neither architect, nor designer, but artist in the formal and prospective dimension that should be associated with this word, he is the author of pieces that will also be appreciated for their anthropological dimension.
Jean-Marc HUITOREL in Universalis
DAVID CAILLE
Très peu de gens connaissaient le travail de David Caille. Passé brièvement par Limoges puis par l’école des Beaux-arts de Lyon, il fut élève de Peter Doig à Düsseldorf. À Paris, il était entouré d’un cercle d’amis artistes qui connaissaient sa peinture et l’encourageaient. Mais au-delà de ce cercle intime, presque personne. Il n’y a jamais eu d’expo David Caille. Il n’y a pas eu d’articles. Il y a très peu de photos. Et, depuis cette exposition rétrospective organisée chez Treize par Mathis Collins et Gallien Déjean, il y a un texte, qui retrace le parcours de ce très jeune artiste né en 1986 et disparu en 2014. David Caille s’est donné la mort au moment où, paradoxalement, il envisageait de sortir pour la première fois de sa réserve en organisant une exposition qu’il aurait appelée « Open Studio ».
Camille Azais dans zerodeux
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Very few people knew about David Caille’s work. He briefly lived in Limoges then studied at the School of Fine Arts in Lyon, he was a pupil of Peter Doig in Düsseldorf. In Paris he was surrounded by a circle of artist friends who knew his painting and encouraged it. But beyond this intimate circle, hardly anyone knew him. There has never been a David Caille exhibition. There were no articles. There are very few photos. And, since this retrospective exhibition organized at Treize by Mathis Collins and Gallien Déjean, there is a text, which traces the career of this very young artist born in 1986 and who died in 2014. David Caille committed suicide at the time when, paradoxically, he was planning on leaving his reserve for the first time by organizing an exhibition that he would have called “Open Studio”.
Camille Azais in zerodeux
free.yard
Adam Farah est artiste et compositeur-rice né-e et élevé-e à Londres et est Capricorne ascendant Cancer, lune en Lion. Iel pratique également sous le nom free.yard - un projet situationnel et instable continu mis en place pour s’engager et fusionner des pratiques communautaires de conservation, de recherche, artistiques et équitables; en mettant l’accent sur les efforts et les potentiels créatifs toujours étendus et nuancés qui émergent d’endz. free.yard jette un regard de côté sur les structures oppressives et suprémacistes maintenues dans les bulles libérales complaisantes et performatives du / des monde / s de l’art, et désire à long terme créer des moments de collaboration pour que les artistes se connectent, se manifestent et expirent sous un tel poids.
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Adam Farah is an artist and composer born-n-raised in London and is a Capricorn Sun, Cancer Rising, Leo Moon. They also practice under and within the name free.yard – an ongoing situational and unstable project set up to engage with and merge curatorial, research, artistic and equitable communal practices; with a focus on the everexpansive and nuanced creative endeavors and potentials that emerge from endz. free.yard casts a side-eye onto the oppressive and supremacist structures upheld within the complacent and performative liberal bubbles of the artworld/s, and in the long term desires to create collaborative moments for artists to connect, manifest and exhale under such weight.
ANTHEA HAMILTON
Un sentiment d’éloignement règne dans l’œuvre d’Anthea Hamilton. Les références à la culture populaire vintage, de la mode et du design s’ouvrent sur des environnements immersifs et des objets étranges, leurs significations originales vidées et transformées au sein de ses sculptures et installations. Les distances temporelles par rapport à l’art et à la culture des décennies passées peuvent être trompeuses: le laps de temps peut rendre certaines références festives, kitsch et même neutres. Dans le travail de Hamilton, cependant, les éléments bénins de la mode et du design sont reconsidérés. Dans ses œuvres précédentes, elle a emprunté à des créateurs historiques, des célébrités et des tendances de la mode emblématiques pour amplifier leurs implications et les transformer également à l’envers. Les provocations sont provoquées par la répétition et un déploiement de vide et de surface. Les résultats sont presque claustrophobes, oppressants dans les désirs que révèlent les transformations de Hamilton.
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A sense of estrangement runs throughout Anthea Hamilton’s work. Vintage references from popular culture, fashion and design open up into immersive environments and uncanny objects, their original meanings emptied out and transformed within her sculptures and installations. Temporal distances from the art and culture of past decades can be misleading: the lapse of time can render certain references celebratory, kitsch and even neutral. Within Hamilton’s work, however, the benign elements of fashion and design are reconsidered. In previous works, she has borrowed from historic designers, celebrities, and iconic fashion trends to amplify their implications and also turn them inside out. Provocations are brought forth through repetition and a deployment of blankness and surface. The results are almost claustrophobic, oppressive in the desires that Hamilton’s transformations reveal.
CANDICE LIN
Au cours de la dernière décennie, l'artiste Candice Lin, basée à Los Angeles, a étudié les cultures et les histoires incrustées dans les objets et les matériaux liés au commerce colonial, aux pratiques de guérison alternatives et aux fonctions corporelles. Il s'agit notamment du tabac, de l'urine et du thé ainsi que des insectes vivants et des animaux morts - en d'autres termes, des choses qui portent des textures étranges, des odeurs plus piquantes et des fardeaux plus lourds que les matériaux d'art typiques. Elle est également une artisan talentueuse et infiniment curieuse qui transforme ces choses et les histoires qu'elles racontent en œuvres d'art qui mobilisent des questions critiques telles que la race, le sexe et les traumatismes de manière non conventionnelle.
Candice Lin est titulaire d’un MFA en Nouveaux Genres du San Francisco Art Institute et d’un double BA en Arts visuels et Sémiotiques de l’art de la Brown University. Son travail interroge les notions de genre, race et sexualité, se fondant sur les théories scientifiques, l’anthropologie et les théories queer. Le travail de Candice Lin a récemment été exposé à Los Angeles Contemporary Exhibitions, LAXART, Kadist Art Foundation à Paris, la Delfina Foundation à Londres, et Akuna Zentroa/Alhondiga Bilbao, Espagne et a fait l’objet de récentes expositions personnelles à Gasworks (Londres) et Commonwealth and Council (Los Angeles). Elle est représentée par la Ghebaly Gallery à Los Angeles et Quadrado Azul à Porto. Elle vit et travaille à Los Angeles.
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For the past decade, Los Angeles–based artist Candice Lin has investigated the cultures and histories embedded in objects and materials related to colonial trade, alternative healing practices, and bodily functions. These include tobacco, urine, and tea as well as live insects and dead animals—in other words, things that carry stranger textures, more pungent scents, and heavier burdens than typical art materials. She is also a skilled and endlessly curious craftsperson who transforms these things and the stories they tell into artworks that mobilize critical issues such as race, gender, and trauma in unconventional ways.
Candice Lin holds an MFA in New Genres from the San Francisco Art Institute and a double BA in Visual and Semiotic Art from Brown University. Her work questions notions of gender, race and sexuality, drawing on scientific theories, anthropology and queer theories. Candice Lin’s work has recently been exhibited at Los Angeles Contemporary Exhibitions, LAXART, Kadist Art Foundation in Paris, the Delfina Foundation in London, and Akuna Zentroa / Alhondiga Bilbao, Spain and has been the subject of recent solo exhibitions at Gasworks ( London) and Commonwealth and Council (Los Angeles). She is represented by the Ghebaly Gallery in Los Angeles and Quadrado Azul in Porto. She lives and works in Los Angeles.
PAUL MAHEKE
À travers un corpus varié et souvent collaboratif comprenant performances, installations, son et vidéo, Paul Maheke se penche sur le potentiel du corps comme archive afin d'examiner comment se forment et se constituent la mémoire et l'identité.
Through a varied and often collaborative corpus comprising performances, installations, sound and video, Paul Maheke examines the potential of the body as an archive in order to examine how memory and identity are formed and constituted.
TABITA REZAIRE
Tabita Rezaire est l'infini incarné en un agent de guérison, qui utilise l'art comme moyen de déployer l'âme. Ses pratiques transdimensionnelles envisagent les sciences des réseaux - organiques, électroniques et spirituelles - comme des technologies de guérison pour servir le passage à la conscience du cœur.
Naviguant dans la mémoire numérique, corporelle et ancestrale comme sites de luttes, elle fouille dans les imaginaires scientifiques pour s'attaquer à la matrice omniprésente de la colonialité et aux protocoles de désalignements énergétiques qui affectent les chants de nos corps-esprits. Inspiré par la mécanique quantique et cosmique, le travail de Tabita est enraciné dans des espaces-temps où la technologie et la spiritualité se croisent en tant que terreau fertile pour nourrir des visions de connexion et d'émancipation.
Tabita est basée à Cayenne, en Guyane française. Elle est titulaire d’un baccalauréat en économie (Fr) et d’une maîtrise en recherche en images animées d’artistes de Central Saint Martins (Royaume-Uni). Tabita est membre fondateur du groupe d’artistes NTU, moitié du duo Malaxa et mère de la maison énergétique SENEB.
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Tabita Rezaire is infinity incarnated into an agent of healing, who uses art as a mean to unfold the soul. Her cross-dimensional practices envision network sciences - organic, electronic and spiritual - as healing technologies to serve the shift towards heart consciousness.
Navigating digital, corporeal and ancestral memory as sites of struggles, she digs into scientific imaginaries to tackle the pervasive matrix of coloniality and the protocols of energetic misalignments that affect the songs of our body-mind-spirits. Inspired by quantum and cosmic mechanics, Tabita’s work is rooted in time-spaces where technology and spirituality intersect as fertile ground to nourish visions of connection and emancipation.
Tabita is based in Cayenne, French Guyana. She has a Bachelor in Economics (Fr) and a Master of Research in Artist Moving Image from Central Saint Martins (Uk). Tabita is a founding member of the artist group NTU, half of the duo Malaxa, and the mother of the energy house SENEB.
PATRICK STAFF
À travers un corpus de travail varié et interdisciplinaire, Staff interroge les notions de discipline, de dissidence, de travail et d’identité queer. S’appuyant sur un large éventail de sources, Staff examine la manière dont l’histoire, la technologie, le capitalisme et le droit ont fondamentalement transformé la façon dont nous définissons et identifions les corps aujourd’hui, avec un accent particulier sur le genre, la faiblesse et la bio-politique.
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Through a varied and interdisciplinary body of work, Staff interrogates notions of discipline, dissent, labour and queer identity. Drawing on a wide range of sources, Staff examines the ways in which history, technology, capitalism and the law have fundamentally transformed how we define and identify bodies today, with a particular focus on gender, debility and bio-politics. On Venus is Staff’s most ambitious work to date: a site-specific installation exploring structural violence, registers of harm and the syncretic effects of acid, blood and hormones.
Detail of Everyone in One Room
ACHRAF TOULOUB
Achraf Touloub (né en 1986 à Casablanca, Maroc, vit et travaille à Paris, France) étudie les liens entre tradition et modernité dans notre monde globalisé.
Travaillant dans une variété de médiums, il oppose les anciens motifs et idées orientaux qu’il dépeint à l’esthétique contemporaine de ses compositions. Prenez, par exemple, ses dessins à l’encre de cuivre. Oscillant entre abstraction et figuration, ils sont constitués de séquences répétées minutieusement tracées sur papier. Alors que de loin, les lignes ondulantes se fusionnent et apparaissent comme des plans de couleur monochromes, de près, elles deviennent lisibles comme une multitude de signes calligraphiques.
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Achraf Touloub (born in 1986 in Casablanca, Morocco, lives and works in Paris, France) investigates the links between tradition and modernity in our globalized world.
Working in a variety of mediums, he opposes the ancient oriental motifs and ideas he depicts to the contemporary aesthetic of his compositions. Take, for instance, his copper ink drawings. Oscillating between abstraction and figuration, they consist of repeated Sequences painstakingly traced on paper. While from afar, the undulating lines coalesce and appear as monochromatic planes of color, up close, they become legible as a multitude of calligraphic signs.
PRESS RELEASE:
C’est quand même vrai, quand on parle de l’abolition des binarités, qu’on s’adresse notamment au genre. Mais il a aussi été montré et discuté que la non-binarité – en théorie et en action – a des implications bien au-delà de ces considérations : ontologiques, économiques, logiques et linguistiques, notamment. Quelques questions qui nous permettraient de reculer / avancer sont (1) A quoi ressemble la croyance dans un monde non-binaire ? Puisqu’il ne s’agirait peut-être plus d’adhérer à une idéologie, on pourrait croire à beaucoup de chose. L’athéisme pourrait être non plus un négatif (“non”-croyant) mais une ouverture à une multitude de fois (2) Quelles formes prendrait la sexualité si nous ne sommes plus identifiés et catégorisés selon nos genres ? (3) La dette et le découvert sont-ils rendus caduque dans un univers ou la valeur même est non-binaire, où le + et le – sont abolis ? (4) Mais aussi, à quoi ressemble la naissance et la mort si l’on vit des existences non-binaires ?
Sur le site www.dictionary.com la définition de YESN’T qui est donnée est la suivante :
“Yesn’t est une négation utilisée pour exprimer un désaccord, ou une réticence à faire quelque chose. C’est une autre (ou meilleur) manière de dire « non »”. Il faudrait peut-être complexifier cette définition, c’est en fait un non camouflé en oui. Un refus qui se maquille en affirmation. Dans l’élaboration d’un vocabulaire non-binaire, « yesn’t » aurait une place de choix. D’ailleurs, dans les formes mêmes employées, ces artistes présentés dans YESN’T pratiquent à la fois ce que l’on appelle une politique du refus (politics of refusal), tout en étant, paradoxalement, bien présents. C’est que si le texte que Paul Maheke (« The Year I Stopped Making Art ») a publié en mars 2020 sur la plateforme www.documentations.art manifeste une fatigue d’un monde (de l’art) qui se nourrit de la précarisation des artistes et de la vampirisation de ce qu’elles et ils peuvent représenter, il témoigne aussi d’un désir et d’une énergie à vouloir continuer (en se posant les questions : à qui s’adresser ? pour qui travailler ?).
Il faut alors se poser deux questions en approchant les œuvres qui composent YESN’T : qu’est-ce qui se donne ? et, qu’est-ce qui se refuse ? Non seulement sur le plan des représentations, mais aussi politiquement (les deux étant toujours liés). C’est se demander, dans le cadre d’une exposition collective en galerie commerciale : quelle est la part d’invention démocratique ? Comment s’agencent les formes de pouvoir ? Mais aussi quelles formes de domination sont désagrégées ? Entre les carillons de Patrick Staff qui ne chantent qu’une note et le prototype de balais à WC d’Absalon (et ce qui se trouve entre les deux), se dessine une collection qui, bien que séduisante, n’en est pas moins inquiétante. Les images grondent. Dans l’une d’entre elles on peut y lire, en flou : « 4000 Daesh killed by UK Air Strikes but ‘Just 1 Civilian’ ». Plus loin, des papillons.
Cédric Fauq
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When we talk about the abolition of binarism, we’re mostly talking about gender. But it has also been shown and discussed that non-binarism - in theory and in action - has implications far beyond these considerations: ontological, economic, logical and linguistic, amongst others. Some questions that would take us back / forward are (1) What does belief look like in a non-binary world? Since it might no longer be about adhering to an ideology, one could believe in a lot of things. Atheism could no longer be a negative (“non” -believer) but an openness to a multitude of faiths (2) What would sexuality look like if we were no longer identified and categorized according to gender? (3) Are debt and overdraft made obsolete in a universe where value itself is non-binary, where the + and the - are abolished? (4) But also, what does birth and death look like if we live non-binary existences?
On the website www.dictionary.com the definition of YESN’T that can be found reads as follow: “Yesn’t is a negative used to express dissent or an unwillingness to do something. It is another (or better) way of saying “no”.” Maybe this definition should be complicated: it is in fact a no camouflaged as a yes. A refusal that masquerades as affirmation. In the development of a non-binary vocabulary, «yesn’t» would have a special place. In the very forms they employ, the artists presented in YESN’T both practice what is called a politics of refusal, while paradoxically being here.
The text that Paul Maheke (“The Year I Stopped Making Art”) published in March 2020 on the platform www.documentations.art shows a fatigue of an (art)world that feeds off artists’ precariousness and the vampirization of what they can represent. However it also testifies to a desire and an energy to want to continue (by asking the questions: who to address? Who to work for? ). We must then ask ourselves two questions when approaching the works that make up YESN’T: what is offered to us? what is refused? Not only in terms of representations but also politically (the two being linked, always). One could ask, in the context of a collective exhibition presented at a commercial gallery: what is the part of democratic invention? What kind of power structure are in place? But also which forms of domination are disintegrated? Between Patrick Staff’s chimes that only sing one note and Absalon’s prototype toilet brushes (and what is in between), a collection emerges which, while engaging, is nonetheless disturbing. The images rumble. In one of them you can read, blurred: “4000 Daesh killed by UK Air Strikes but ‘Just 1 Civilian’”. Right next to it, butterflies.
Cedric Fauq